CREMIEUX Gaston
(D’après Pierre Guiral, Académie de Marseille)
Gaston Crémieux est né à Nîmes le 22 juin 1836 et mort à Marseille le 30 novembre 1871. Homme politique.
Il est né à Nîmes, mais son activité a été essentiellement marseillaise et c'est à Marseille qu'il a été exécuté. Né dans un milieu modeste, Gaston Crémieux put cependant faire de bonnes études au collège de Nîmes, puis à la faculté de droit de Paris. Inscrit au barreau d'Aix, il se fixa à Marseille en 1862 et milita dans toutes les organisations de gauche et surtout la franc-maçonnerie, d'abord dans la loge Vérité, puis dans la loge Réforme, qu'il contribua à fonder. Condamné dès 1857 à 4 ans de prison pour délit de presse, il prend sa dimension politique lors des élections législatives de 1869 où il soutient avec passion la candidature de Gambetta élu contre Ferdinand de Lesseps. Dès le lendemain de la défaite de Forbach, il proclame la République à Marseille, ce qui lui vaut, le 27 août 1870, d'être condamné à 6 mois de prison par le conseil de guerre de la 9e division militaire. Délivré le 4 septembre, il patronne la Ligue du Midi qui se veut à la fois patriote et révolutionnaire et refuse de reconnaître l'Assemblée nationale conservatrice et décidée à la paix. Reprenant l'idée de Ferry qui dans les Elections de 1863, avait condamné l'assise paysanne du Second Empire, il refuse la légitimité d'une assemblée élue par un "tas de ruraux". Lorsque la Commune, que Marseille avait précédée, éclate à Paris, il se rallie à elle et préside la commission départementale qui se substitue au préfet. Bien qu'il ait fait arborer le drapeau rouge sur la préfecture, il ne désespère pas pourtant d'une ultime réconciliation entre le gouvernement légale et celui de la Commune. Lorsque Marseille est attaquée par les troupes de général d'Espivent de la Villeboisnet, il essaie encore, mais en vain, de s'interposer. Arrêté le 8 avril, il est condamné à mort le 28 juin 1871, fusillé au Pharo le 30 novembre. Il semble que les notables marseillais soient intervenus en sa faveur, mais ce fut inutile. Drumont écrit de son côté, dans La France Juive : "Thiers avait accordé la grâce de Gaston Crémieux; ce fut le général d'Espivent de la Villeboisnet qui le fit exécuter, pour ainsi dire, de son initiative personnelle". Son exécution fit à Marseille une forte impression. Le journal L'Egalité écrit le 2 décembre : "Depuis hier matin, une foule considérable stationne devant la maison portant le n°4 de la rue de Rome, habitée par le beau-père et la belle-mère de Crémieux. Les femmes sont en grand nombre. Une table recouverte d'un drap noir a été placée devant la porte; plus de dix milles signatures ont été apposées durant la journée d'hier".
La Commune de Marseille en 1871
A lire :
Gaston Crémieux, la Commune de Marseille un rêve inachevé … Editions EDISUD, 2003