JOUTARD Philippe
Philippe Joutard est né en 1935 à Paris. Professeur d’histoire à l’Université de Provence et à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales. Ancien recteur des académies de Besançon et de Toulouse.
Agrégé d´histoire en 1958, Docteur d’Etat en 1974, il a d’abord été professeur de lycée de 1958 à 1969 avec des élèves de la 6ème aux Lettres supérieures (hypokhâgne), successivement à Rabat, Marseille et Aix-en-Provence. Il a poursuivi ensuite une carrière d’universitaire à l’Université de Provence où il fut professeur d’histoire moderne. Il a aussi enseigné actuellement à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences sociales à Paris.
Depuis 1976, il a occupé de nombreuses responsabilités pédagogiques, administratives et de gestion. Il s’intéresse depuis longtemps au fonctionnement du système éducatif français. Entre autres, il a présidé en 1988-1989 une mission sur l’enseignement de l’Histoire-Géographie; et dans ce cadre, il a publié un rapport sur l’enseignement de l’histoire des religions à l’Ecole. Il a dirigé un groupe de travail sur « école et grande pauvreté » et contribué à la création d’un enseignement d’histoire des arts au lycée. Il a aussi occupé des fonctions de recteur dans les académies de Besançon et Toulouse; il a enfin présidé la commission qui vient de rédiger les nouveaux programmes pour l’école primaire. Il appartient à l’équipe fondatrice de la revue L’Histoire, et au comité d’orientation du Monde des religions et de Historia anthropologia y fuentes orales. Il préside le Centre alpin et rhodanien d’ethnologie.
Parallèlement à ses fonctions d’enseignant et de gestionnaire, Philippe Joutard a toujours voulu mener une carrière de chercheur. Il a publié seul, ou en collaboration, une quarantaine d’ouvrages et plus d’une centaine d’articles. Ses travaux ont principalement porté sur le protestantisme cévenol dans sa période la plus difficile, celle du XVIIIe siècle et de la révolte des camisards, et sur le fonctionnement de la mémoire collective, en particulier protestante (objet de sa thèse), mais aussi nationale. Il s’est interrogé dans la construction de ces mémoires collectives sur la part respective des historiens professionnels, de l’école, des fictions (romans et aujourd’hui films et dramatiques de télévision) et parfois de la tradition orale, comme il l’a découvert avec surprise en Cévennes. A ce titre, il est un des pionniers de l’utilisation de la source orale en histoire : c’est ainsi qu’il a mené une enquête sur la tradition orale en Cévennes de 1967 à 1973, et en a dirigé d’autres sur le souvenir de la Seconde Guerre mondiale ou l’histoire de la grande pauvreté à Marseille. Au congrès international des sciences historiques de Montréal, en 1995, il a été chargé de présenter un bilan de vingt-cinq années d’histoire orale dans le monde. Il a prononcé la conférence d’ouverture de la dixième rencontre internationale d’histoire orale à Rio De Janeiro en 1998 et celle de la quatrième rencontre nationale d’Argentine à Buenos-Aires en 1999.
Il mène actuellement des recherches sur l’imaginaire comme agent et créateur d’histoire, en particulier à propos de l’apparition de la haute montagne dans la sensibilité occidentale. Il a mis en valeur en particulier le rôle précurseur des peintres dès le milieu du XVe siècle et le lien avec le développement de l’humanisme. Il réfléchit aussi sur les rapports entre histoire et mémoire dans nos sociétés contemporaines entre autres à propos de l’histoire de la Seconde Guerre Mondiale, et du développement des identités nationales, menant des études comparées sur la construction des mémoires historiques et leurs diverses composantes.
Bibliographie :
Histoire de Marseille en treize événements. Editions Jeanne Laffitte, 1998