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Et Marseille créa ses marques alimentaires

De Patrick Latil


    « En regardant Marseille une question se pose. Mais qu’est donc devenu notre passé? Où se cachent les 2600 ans de la Cité Phocéenne ? Faut-il un manuel d’Histoire ou une pelleteuse pour découvrir les vestiges de la ville?

    Me trouvant un jour assailli par ce problème épineux, il fallut que je trouve une solution. Alors qu’Orange fait encore chanter des ténors dans son théâtre antique, que Nîmes vibre sous la clameur des «olé» dans ses arènes romaines et que St. Rémy accueille toujours plus de visiteurs d’année en année, Marseille étale chichement quelques pauvres ruines, derrière le Centre Bourse, de ce qui semble être des docks sans grand intérêt pour les touristes Mais, si tout se résumait à cela, ce ne serait rien. Non ! car si l’Antiquité ne nous a pas légué grand chose, le Moyen-âge et la Renaissance se sont complètement éclipsés de cette métropole. Il faut remonter au règne de Louis XIV pour découvrir enfin une forteresse construite sur les plans de Vauban, le Fort St Nicolas et ce qui reste d’un arsenal où jadis on fabriquait des galères. A y regarder de plus près les seuls monuments de grandes dimensions sont tous du Second Empire. Cathédrale, Préfecture, Bourse, Palais Longchamp sont autant de sites qui rappellent la grandeur de ce que l’on nommait alors «Porte de l’Orient». Depuis la seconde guerre mondiale, Marseille a triplé sa superficie et le modernisme a éradiqué petit à petit les vieux quartiers insalubres. Mais pourquoi donc n’a-t-on rien su garder en contrepartie de ce qui fut la splendeur des temps anciens?

    Et c’est au soleil du Vieux-Port que tout s’est éclairé. En voyant les bateaux tanguer au rythme de la houle, j’avais devant moi la réponse à toutes ces questions : LE COMMERCE. Marseille n’ayant pas été une cité à vocation corsaire ou militaire, à quoi bon préserver ses remparts ? N’ayant jamais été une ville d’eau, point de thermes. Insoumise et affligée d’une mauvaise réputation, Marseille a plus fait confiance à ses échevins, négociants et plus tard ses chevaliers d’industrie, plutôt qu’à tout autre souverain ou dignitaire. Toute proportion gardée, elle n’a pas été non plus une ville d’art ou de tourisme, mais bien une ville tournée vers le commerce, activité qui a fait et fera toujours vivre les Marseillais.

    Très tôt les grecs et les romains l’avaient compris et les époques qui ont succédé n’ont jamais fait qu’affirmer cet état de choses. Pourquoi les habitants de Marseille se seraient-1 ils souciés de conserver une voûte romane ou un vestige médiéval si la nécessité faisait qu’ils avaient plus besoin d’un entrepôt ou d’un hangar à cet emplacement ? Ainsi, au fil des temps, la Cité Phocéenne a été cent fois détruite et reconstruite pour des besoins commerciaux. Les denrées, les tissus, les épices, le bois, les hommes, tout était en transit. Les échanges méditerranéens des débuts ont fait place petit à petit à une immense plaque tournante d’articles divers et variés. Mais, si tout cela était l’apanage de la plupart des ports, Marseille a joui d’une particularité qui fit sa réputation, son industrie. Outre le va- et-vient incessant du fret, notre ville a été capable de transformer des matières premières, venant parfois de contrées lointaines, pour en faire des produits finis et élaborés. C’est dans cet essor économique que nos fabriques agro-alimentaires ont donné à cette ville leurs lettres de noblesse. Les huileries, les savonneries, les pâtes, les minoteries, les distilleries d’alcool, les lessives, les raffineries de sucre ont certainement plus marqué par leurs enseignes criardes que n’importe quelle colonne romaine ou cathédrale gothique. J’ai choisi cette fois-ci de conter la merveilleuse histoire des denrées alimentaires qui ont fut la renommée de Marseille. Et si toutefois on vient vous dire : «Mais pourquoi une ville de 2600 ans a si peu de vestiges ?» ayez la présence d’esprit de répondre que c’est à cause du COMMERCE, mais que malgré tout il y a toujours eu une matière qui n’est ni à vendre, ni à transformer, c’est l’âme de cette ville et celle de ses habitants. Préparez-vous donc à faire un tour dans ces histoires alimentaires qui en font, je crois bien, des récits à dévorer : Bon appétit ! »

Introduction de l’auteur


Sommaire

114 p (2004), Nombreuses illustrations

Editions : Club Cartophile Marseillais, 20 Euros

ISBN : 2-9522213