Les dockers
Le Port Autonome de Marseille – Histoire des Hommes
De Jean Domenichino et Jean-Marie Guillon
Marseille est à la mode. Personne ne s’en plaindra, car l’image de la ville est devenue positive. Avec la « couleur locale » en toile de fond, elle bénéficie de son cosmopolitisme et de l’ouverture au monde qu’il suppose, elle jouit de l’attraction sudiste et méditerranéenne, elle étonne par son impressionnant dynamisme culturel et tout indique – ou paraît indiquer – que les années noires de l’anémie économique qui affectait la ville relèvent du passé. Un nouveau Marseille se construit.
Mais le brillant du renouveau ne doit pas masquer une autre réalité, qui n’est pas moins moderne et qui n’est pas moins fondamentale. C’est celle de l’activité portuaire ; Marseille rester un port, le premier port français, le deuxième port européen. Sa puissance éventuelle – ou sa faiblesse – son rayonnement et sa richesse, à coup sûr, continuent de passer par là. Dans la dynamique actuelle, les hommes du port, ses travailleurs, ses responsables, les compagnies qui l’animent ont leur part. Elle n’est pas mince, mais le temps de l’économique et du social n’est pas celui de l’évènement, et encore moins celui de l’« événement culturel ». Il est celui des lentes, mais décisives transformations.
Pour les rappeler ou les faire connaître, le Port Autonome de Marseille et Jeanne Laffitte ont fait appel à l’équipe d’historiens de l’unité mixte de recherche TELEMME de l’Université de Provence – Aix-Marseille I et du CNRS. C’est en trois volets que cette histoire sera dite en mots et en images.
Ce premier volume (Jean Domenichino et Jean-Marie Guillon) met en place les étapes qui ont conduit au port d’aujourd’hui, mais il est surtout centré sur les hommes, redoutés ou adulés, qui, longtemps, en ont été le symbole : Les dockers.
Le deuxième ouvrage (Olivier Raveux, Xavier Daumalin et Jean Domenichino) éclairera une activité moins spectaculaire, dont l’importance, économique et humaine, est probablement sous-estimée, mais tout à fait essentielle pour la notoriété et la prospérité du port : La réparation navale.
Le panorama final (Roland Caty et Eliane Richard) ouvrira, avec Le transport maritime, et comme il se doit pour une ville-port, sur le monde, ce monde au rythme duquel Marseille vivait, vit encore, est doit continuer à vivre.
Marseille et son port, Marseille ville-port…
Des marchandises certes, mais aussi et surtout des hommes. Les marins bien entendu, les négociants évidemment, mais encore ceux qui manipulent, transbordent, trient. En fait, ceux qui sont les rouages indispensables au commerce maritime, le petit peuple des quais sans qui rien n’est possible. C’est dans la durée que l’ouvrage entend les saisir, depuis les portefaix jusqu’aux dockers d’aujourd’hui, dans leur travail comme dans leurs rapports avec une ville qui n’aurait pas été ce qu’elle a été sans eux. Ces corporations ont marqué, en effet, la vie de Marseille et forgent encore son image et sa représentation. Curieuse évolution d’ailleurs que celle de ces hommes des quais, piliers du parti de l’ordre au XIXe siècle qui s’ouvre sur une grève spectaculaire et se termine sur des conflits répétés.
Pourtant les choses ont bien changé entre-temps. Le port de Marseille n’est plus seulement Marseille … Marchandises et destinations ont fluctué tout en gardant leur diversité originelle. La& sueur des hommes dans le grouillement des allées-venues et des palanquées a laissé la place au monde mécanique, rythmé par le ballet des ro-ro et les mouvements des engins aux bras d’acier qui se jouent des conteneurs.
C’est cette histoire que cet ouvrage veut dire, une histoire de quais et d’hommes, de rapports sociaux et de travail : une histoire de Marseille.
169 p (2001), Nombreuses illustrations
Editions : Jeanne Laffitte, 37 Euros
ISBN : 2-86276-366-7