La faute de l'abbé Richaud


    Avec L'énigme de la Blancarde (Prix Paul Féval de Littérature Populaire) Jean Contrucci avait inauguré une nouvelle série intitulée Les Nouveaux Mystères de Marseille en hommage aux romans feuilletons du XIX° siècle. On attendait avec impatience la suite des enquêtes de Raoul Signoret, reporter au Petit Provençal, et de son oncle Eugène Baruteau, chef adjoint de la sûreté. On pouvait se demander si ce nouvel épisode serait à la hauteur du premier. Sans conteste, la réponse est OUI !

    S'inspirant, comme pour L'énigme de la Blancarde, de faits divers réels qu'il a transposés dans le Marseille de la fin du XIX° siècle, Jean Contrucci nous offre une enquête pleine de rebondissements qui vont crescendo : tout d'abord un miracle, ensuite une disparition, puis un crime, et ce n'est pas terminé. Comment expliquer le sang qui coule des plaies du Christ sur ce tableau ? Où est passé le "brave" curé Barral ? Quel rôle joue l'inquiétant abbé Richaud ? Autant de questions qui se posent au dynamique reporter.

    C'est avec plaisir qu'on retrouve les personnages pittoresques imaginés par Jean Contrucci : le fringant Raoul, adepte de la boxe française, ce qui lui sera bien utile cette fois encore, Cécile sa jeune épouse qui n'hésite pas à aider son enquêteur d'époux, auxquels il faut ajouter une mignonne petite Adèle qui est venue agrandir le cercle familial, et enfin son oncle Eugène, le policier bon vivant. On appréciera aussi les seconds rôles croqués avec humour  comme Lou Roucaou, un pêcheur toujours prêt à aider Raoul, le pharmacien Gaudissart au rire en grelot, ou (clin d'œil à Sim) le Baron de la Tronche en Biais.

    Et c'est avec le même plaisir qu'on retrouve l'évocation de ce Marseille de la Belle Epoque que Jean Contrucci fait revivre avec bonheur en semant, avec doigté, son texte de détails historiques (savez-vous, par exemple, combien de boutons portaient les soutanes des curés ?), tout en évitant le piège des longs discours fastidieux. Autre point à souligner, un titre est donné à chaque chapitre, citons au hasard : "Où notre héros rencontre un mystérieux homme en noir qui l'entraîne dans les bas-fonds de la ville", ou bien : "Où l'on apprend une stupéfiante nouvelle : un homme privé des moyens de procréation vient pourtant d'être père !". Voilà qui met en appétit et ajoute au charme de la lecture en nous plongeant dans l'atmosphère délicieuse des romans feuilletons.

    Puisque j'ai parlé d'appétit, on est à Marseille où l'on aime aussi bien manger et les personnages aiment la bonne chère ! qui pourrait résister à ce pique-nique improvisé : "Le pêcheur sortit une bouteille de rosé du pays dont le raisin avait poussé sur les coteaux de Mazargues et alimentait principalement la consommation locale. Il était un peu astringent, mais frais et fruité, et fut accueilli comme un bienfaiteur par des gosiers desséchés. Félicité avait sorti des œufs frais et des tomates. Elle confectionna une brouillade d'anthologie, qu'elle fit suivre de la tome d'une chèvre qui avait dû brouter non loin de là une herbe odorante dont le parfum était passé dans son lait." L'écriture est à la fois riche et limpide, et l'auteur sait noter les gestes simples de la vie quotidienne, comme ce : "Parle clairement, ordonna Eugène  Baruteau, après avoir torché avec soin son assiette à soupe et l'avoir retournée pour accueillir le fromage annoncé par Cécile".

    Un roman au parfait équilibre entre enquêtes, suspens, moments de détente, faits historiques, et où règne une bonne humeur contagieuse, le tout relevé par une écriture élégante et fluide. Une nouvelle réussite, et l'on attend déjà avec impatience le troisième épisode au titre prometteur : "Le secret du Docteur Danglars" !

    Comme "au bon vieux temps", on peut écrire : A suivre !

par René Barone


    En ce temps-là (c’est-à-dire en 1898, à la veille de la séparation de l’Eglise et de l’Etat), “ la Provence ” s’appelait “Le Petit Provençal” et était installé au 75, rue de la Darse, en face de l’Alhambra. C’était un joli titre, pour un journal. Ça sentait l’encre fraîche, le plomb et l’information de proximité. Si l’on en croit Jean Contrucci, Raoul Signoret était chroniqueur judiciaire au “ Petit Provençal ”. Ce jeune homme, une sorte de Tintin du Vieux Port, avait du flair. Il avait déjà fort bien démêlé “L’énigme de la Blancarde ” (Lattès, 2002). Il est vrai qu’il était bien informé : son oncle, Eugène Baruteau, était le chef adjoint de la Sûreté de Marseille. Officiellement, ils étaient rivaux. En réalité, le Vermouth et la pêche au pageot aidant, leur complicité faisait des miracles.

   Toujours en ce temps-là, Mazargues, pourtant situé à six petits kilomètres de Marseille, semblait être au “pégal”. L’omnibus hippomobile n°19 mettait une heure et demie pour atteindre ce village, via l’avenue du Prado et le quartier du Grand Saint-Giniez. Il vous en coûtait alors 0,40 francs. C’est ce que déboursa Raoul Signoret pour se rendre à Mazargues où, depuis que le tableau de l’église Saint-Roch représentant la descente de croix s’était mis à saigner, la guerre religieuse faisait rage. Deux prêtres s’affrontent alors : le curé progressiste Joseph Barral et le vicaire intégriste Charles Richaud. Le premier est un brave homme, le second un tartuffe qui, le soir venu, court les bordels et les maisons de jeu. L’affaire se corse quand le curé Barral est retrouvé mort au fond du puits du presbytère. Tous les soupçons se tournent alors vers le vicaire. Le reporter du “ Petit Provençal ” et le policier marseillais ne sont pas trop de deux pour résoudre l’énigme de Mazargues dont le dénouement, croyez-moi, vaut son pesant de galinettes.

   Dans ce palpitant roman à suspense, qui rappelle les grands feuilletons populaires d’autrefois, Jean Contrucci excelle à dépeindre la vie marseillaise de la fin du XIXème siècle et à reproduire naturellement (sans folklore) sa langue merveilleusement colorée. On peine à imaginer que l’actuel neuvième arrondissement de Marseille était une campagne reculée, balzacienne, où l’Eglise faisait toujours la loi, où les fabriques de tuiles et les ateliers de corderies exploitaient des enfants soustraits à l’école, où les anciens officiers de notre empire colonial se reconvertissaient dans de douteuses affaires et où tout se terminait inéluctablement par une bouillabaisse. Avec Contrucci, la cité phocéenne a trouvé son nouvel Eugène Sue. C’est une très bonne nouvelle.

par Jerôme Garcin


Jean Contrucci (J.C.), vous aviez basé L’énigme de la Blancarde sur une affaire criminelle non élucidée. Sans déflorer l’intrigue de votre nouveau roman, qu’en est-il des affaires qui y sont évoquées ?

J.C. : Une nouvelle fois, je me suis inspiré de deux affaires réelles, mais qui, dans la réalité ne s’étaient passées ni au même endroit, ni en même temps. Et surtout pas à Mazargues. Je m’en explique dans la préface. Mais l’abbé “ Richaud ”, qui s’appelait Bruneau a bel et bien existé. Il a d’ailleurs fini sur l’échafaud, parcours atypique pour un curé, vous le reconnaîtrez. C’est là que je l’ai – si j’ose dire – rencontré. Le mien ne connaît pas le même sort, mais je lui en ai mitonné un autre, comme c’est le droit du romancier, qui aurait pu inspirer un titre parodiant Bernanos. “ Le journal d’un pâté de curé de campagne ” Quant à l’affaire du faux tableau miraculeux elle est également basée sur un fait-divers authentique qui a eu pour cadre un village du Lubéron et que j’ai “ importée ” à Marseille.

Comment avez-vous écrit ce livre ? Je suppose qu'il y a un gros travail de documentation ? Tout d'abord sur l'affaire qui a servi de support, puis sur les événements de cette époque ? Où puisez-vous cette documentation ? Les journaux d'époque ? Des archives ? Combien dure cette période "d'incubation" ?

J.C. : Il y a, en effet, un gros travail d’incubation. Ça peut prendre plusieurs mois. J’ai déjà écrit pas mal sur Marseille, dans le cadre de chroniques historiques parues à l’époque dans les colonnes du “ Provençal ” et éditées depuis en 5 volumes (Ça s’est passé à Marseille). J’ai donc “ du biscuit pour la route ”, qui m’aide à restituer l’ambiance de la Belle Epoque. Et aussi une solide bibliothèque. Les “ affaires ” elles-mêmes, je les ai trouvées dans des journaux et des recueils de chroniques judiciaires. Je me réserve le droit de ne conserver qu’un support que je transforme ensuite au gré de l’inspiration du moment et que j’ajuste à l’histoire que je veux raconter. Je ne fais qu’humblement reproduire la façon dont Stendhal a procédé. On sait que “ Le rouge et le noir ” a été inspiré par un authentique fait-divers qui s’est déroulé dans la région de Grenoble où Henri Beyle avait passé son enfance.  

En toile de fond c'est la séparation de l'Eglise et de l'Etat. Cette période est bien loin, on ne se rend pas compte des tensions que cela a pu créer. Un des personnages parle des "laïcards" avec mépris.

J.C. : C’est bien pourquoi je reviens à plusieurs reprises sur les affrontements violents qui divisèrent la société française du temps, entre “ calotins ” et “ laïcards ”. La République rationaliste et franc-maçonne voulait extirper des cervelles toute trace de superstitions, fussent-elles religieuses et “ officielles ”, dont l’Eglise avait bourré les crânes tout au long du XIXème siècle en réaction à la Révolution française. C’est l’époque où Jules Ferry lance les “ hussards noirs de la République ”, ces instituteurs chargés prêcher la bonne parole laïque jusque dans les campagnes les plus reculées. Et les congrégations – Jésuites en tête – seront chassés des couvents par la force armée…  

A propos des journalistes, Raoul dit :"Ce métier rassemble plus que tout autre un nombre important de mégalomanes et de donneurs de leçons. Il faudrait avoir le courage d'aller sur les marchés de la ville voir ce que deviennent les articles ou les enquêtes sur lesquels, la veille, on a sué pendant des heures, en tâchant de faire le moins mal possible. Ils servent le lendemain à "plier le poisson" comme on dit à Marseille. Mais non, les journalistes préfèrent croire que leurs écrits auront changé le monde. Quelle foutaise !". C'est Raoul Signoret qui parle ou bien Jean Contrucci ? Et, comme Jean Contrucci est journaliste, est-il mégalomane et donneur de leçons ? :o))))

J.C. : Bien sûr, mais il a toujours veillé à “ se soigner ” par la lucidité.

En 1898 l'expression "Baiser Fanny" était déjà connue ?

J.C. : René Barone, commencez pas à m’énerver avec vos questions. Est-ce que je vous en pose, moi ?

On peut remarquer des clins d'œil, déjà dans le titre, ou comme ce baron de la Tronche en Biais. Pouvez-vous expliquer le nom d'un personnage : Humbren d'Atay ? (Un brin d'athée ?).

J.C. : Je pourrais, mais je ne le ferai pas ici. C’est un “ private joke ” comme dit le président Deubeuliou Bush. En tout cas, malgré la séparation de l’Eglise et de l’Etat, il ne s’agit pas d’athée.

Est-ce que le repas final est aussi  un clin d'œil à Astérix qui se termine toujours par un banquet ?

J.C. : J’avoue ne pas y avoir pensé. Ce qui m’intéressait c’est la joute halieutique qui précède la dégustation de la bouillabaisse frais pêchée. Je vous ferai remarquer que le livre s’achève avant la première bouchée.

Quand Raoul se rend à Mazargues il emprunte l'omnibus hippomobile conduit par le père Tisane. Un nom bien curieux. Inventé ou a-t-il réellement existé ?

J.C. : Il a réellement existé. Je l’ai trouvé dans “ La poétique histoire de Mazargues ” de l’abbé (encore un !) Joseph Ganay. Il était célèbre pour avoir conduit le tramway qui menait au village pendant plus de trente ans. Quant à la tisane qui lui valut son surnom, j’ignore ce qu’elle contenait. Je pencherais pour de la tisane d’absinthe ou d’anis étoilé...

Votre premier roman avait pour cadre la quartier de la Blancarde, La faute de l'abbé Richaud se passe à Mazargues. Peut-on savoir, si ce n'est pas top-secret, où va "voyager" Raoul dans le(s) prochain(s) épisode(s) ?

J.C. : Il n'y a là rien de secret. le prochain (déjà écrit, il paraîtra en 2004 en même temps que le passage de l'Enigme de La Blancarde au Livre de Poche) se situera dans le quarier du Rouet, toujours à Marseille, et le suivant ("Si Dieu me prête vie" comme disait le Général) à la Belle de Mai, autour de la manufacture des Tabacs.

Marseille, octobre 2003


    En créant cette année le Prix du roman Policier Jean Toussaint-Samat, l’Académie souhaite montrer son attention à un genre littéraire populaire, qui a pris ces dernières années – concernant Marseille – une dimension exceptionnelle, qu’il s’agisse du “ polar ” avec Jean-Claude Izzo et une pléiade d’auteurs marseillais, ou du roman policier historique avec pour exemple Jean-Christophe Duchon-Doris, magistrat et romancier.

    En plaçant de prix sous le parrainage de Jean Toussaint-Samat, l’Académie a voulu également souligner que ce genre n’était pas, à Marseille, contrairement à ce que l’on pourrait penser, le fruit d’une conjoncture récente, d’une mode passagère, mais qu’il s’ancrait dans une tradition remontant pour le moins aux années 30 de l’entre-deux-guerres, où Jean Toussaint-Samat, fils de Toussaint-Samat, fondateur au XIXè siècle du journal Le Petit Marseillais, publia une série de romans policiers tels L’horrible mort de Miss Gildchrist, Le mort à la fenêtre, Le mystère du Mas des Rièges ou encore Le mort de La Canebière… qui valurent à leur auteur son heure de célébrité.

    Le premier lauréat du Prix du roman policier Jean-Toussaint Samat 2003 est l’écrivain et journaliste Jean Contrucci, l’un des journalistes les plus connus et les plus appréciés à Marseille.

    Après de longues années passées au Provençal, où il fut entre autres, durant vingt ans correspondant du journal Le Monde, il est aujourd’hui encore chargé par La Provence d’une chronique littéraire dominicale.

    Romancier, Jean Contrucci a signé plusieurs ouvrages chez Belfond et Grasset, il est aussi biographe de la cantatrice Emma Calvé, la diva du siècle (Albin-Michel), il est chroniqueur du passé marseillais avec les cinq volumes intitulés Ça s’est passé à Marseille (Grand-Prix Littéraire de Provence), il est historien avec Et Marseille fut libérée (Autres temps) et Marseille, 2600 ans d’Histoire, écrit en 1999 en collaboration avec notre collègue Roger Duchêne.

    Jean-Contrucci a déjà obtenu un prix de l’Académie de Marseille, le prix Louis-Brauquier 1996 pour sa Suite provençale, un recueil de nouvelles…

    L’Académie le couronne à nouveau cette année 2003, pour les deux premiers tomes de la série Les Nouveaux Mystères de Marseille, publiés chez Jean-Claude Lattès : L’énigme de La Blancarde (déjà lauré du Prix Paul-Féval du roman populaire décerné par La Société des Gens de Lettres de France) et La faute de l’abbé Richaud, deux remarquables spécimens d’un genre policier avec lequel il renoue, puisqu’il était entré en littérature avec La Poisse, (1981) un roman adapté pour la télévision (France 2) sous le titre Pris au piège, (réédité en 2001) qui reçut le Grand Prix international du Festival du Film Policier à Cognac.

    Avec L’énigme de La Blancarde et La faute de l’abbé Richaud, Jean Contrucci nous entraîne dans la Marseille des années 1890, à la suite du jeune et sémillant journaliste Raoul Signoret, de son oncle Eugène Baruteau, chef–adjoint de la Sûreté marseillaise et de son intrépide fiancée, Cécile, fille d’un riche négociant en oléagineux. C’est l’occasion pour le lecteur de découvrir, autour d’intrigues policières montées de main de maître à partir de faits-divers réels, les ombres et les lumières d’une ville aux multiples facettes : populaire, bourgeoise ou canaille, avec ses sites, ses quartiers emblématiques : Quai du Port, Panier, Quartier Réservé, Café Turc, rue Paradis, Hameau rural de La Blancarde, village de Mazargues. Les personnages sont hauts en couleurs, leurs comportements et leurs aventures justes “ exagérées ” ce qu’il faut pour garder au roman l’indispensable dose d’aventures extraordinaires, de mystères et de “mélo” propres à l’époque et au genre. Le tout a du style et de l’humour. L’Académie de Marseille y est même gentiment épinglée. Je lis :

“Baruteau bourra les côtes de Raoul avec le coude, en riant :

- Tu devrais communiquer ta découverte à l’Académie de Marseille, classe des Sciences. J’ai un vieux copain qui en fait partie : le Professeur d’Huchon-Daurisse. Il t’obtiendra un prix académique.

- Ah ? dit Raoul taquin, ça rapporte gros ?

- La considération distinguée de la docte institution et une cordiale poignée de main au cours d’une cérémonie très chic où les dames à chapeaux sortent leurs fourrures de la naphtaline” ( N’oubliez pas que nous sommes ici avant 1900 !)

    Un Prix de l’Académie et une cordiale poignée de main ! Voilà qui est fait, Monsieur Jean Contrucci !

Allocution de M. Pierre Echinard, historien,

prononcée lors de la remise  à Jean Contrucci du Prix du Roman Policier Jean Toussaint-Samat

décerné pour la première fois par l’Académie de Marseille, le 21 novembre 2003


    Le petit village de Mazargue, au sud de Marseille, est en émoi. Pas tant parce que les deux prêtres, le curé Baral et l’abbé Richaud, l’un débonnaire, l’autre extrémiste, entretiennent une animosité perturbatrice, mais parce qu’il vient de se produire un événement d’importance. Le tableau de la croix, exposé en bonne place au dessus de l’autel de la chapelle de l’ancien couvent, suinte de sang frais. Pour un miracle, c’est un miracle et le curé Baral n’en croit pas ses yeux. Toute la paroisse est alertée et un qui jubile c’est bien l’abbé Richaud qui profère ses anathèmes à l’encontre de tous. Raoul Signoret, toujours alléché par les affaires mystérieuses, se rend sur les lieux à l’initiative de son oncle Eugène Baruteau. Le sous-chef de la sûreté connaît le pharmacien-herboriste du bourg, un ancien condisciple du nom de Gaston Gaudissart, alias Gégé. Le mystère du tableau sanguinolent est rapidement élucidé, lors d’une cérémonie religieuse au cours de laquelle le miracle devait se reproduire. L’abbé Richaud est soutenu par les grenouilles de bénitiers locales, tandis que d’autres ne se gênent pas de clamer sa propension à courir les jupons. Le curé Baral ne rentre pas d’une ballade dans les calanques, son coin de prédilection pour herboriser en toute quiétude. Raoul, dont les articles dans le Petit Provençal n’ont pas plu à des énergumènes, est agressé en pleine nuit. Peu après, alors qu’il traîne à la tombée de la nuit dans Mazargue, il aperçoit un homme en noir qui sort de la maison de l’abbé Richaud. Il suit l’inconnu jusque dans une maison louche, qui cumule les fonctions de tripot et de bordel. Il reconnaît non sans surprise à une table de jeu l’abbé Richaud.

    Les personnages secondaires de cette histoire, le pharmacien Gaudissart, historien intarissable, ou encore Lou Roucaou, un pêcheur professionnel au verbe haut, ne manquent pas d’envergure et apportent une note d’humour dans ce roman qui ne manque pas de rebondissements. L’épilogue vaut son pesant de… poissons, quant à Cécile, toujours vaillante, elle ne s’offusque pas des sorties de Raoul, toujours prête à l’aider. Le lecteur appréciera les têtes de chapitre qui ne sont pas sans rappeler les bons vieux feuilletons du XIXème siècle. Enfin Jean Contrucci ne peut s’empêcher de donner de petits coups de griffes ici ou là, frappées au coin du bon sens ; bon sens dont semblent dépourvu nos hommes politiques d’hier et d’aujourd’hui.

par Paul Maugendre